La Vierge au Chardonneret, Raphaël, 1507
Raphaël :
Peintre et architecte italien, né à Urbino. Fils d’un peintre local, Giovanni Santi, il fut une sorte d’enfant prodige. Orphelin à 11 ans, il poursuivit son apprentissage chez un artiste obscur installé en Ombrie en 1495. Bien avant 1500, il travaille avec Pengrin au Cambrio de Pérouse. En avril 1508, la présence de Raphaël est attestée à Florence, mais il est certain que de 1504 à 1505, il avait déjà séjourné dans cette métropole artistique.
Le tableau :
Ce tableau, " la Vierge au Chardonneret " présente trois personnages : la Vierge, son fils Jésus et saint Jean, disposés en pyramide, symbole de la Trinité. Au centre du tableau, un chardonneret symbolise le roi des cieux.
L’accord de l’anatomie et de la perspective fera de Raphaël, dans plusieurs de ses croquis et particulièrement dans celui de "la Vierge au chardonneret ", l’un des dessinateurs les plus prestigieux. De son époque. La Vierge qui est entourée des deux saints, démontre une science parfaite de l’agencement des figures. Raphaël assimile ainsi les nouveautés
Introduites par Léonard de Vinci : la disposition pyramidale, les lointains bleutés et ses subtils dégradés ainsi que la symétrie du tableau. Les lignes sont en effet rigides : horizontales, verticales et diagonales.
La présence indiscutable d’émotion personnelle qui caractérise cette œuvre, la vérité sculpturale des physionomies et des attitudes, la limpidité de l’atmosphère sont remarquables dans d’autres toiles de Raphaël. Ce tableau témoigne d’un réalisme tangible, plus soucieux de présence que d’analyse psychologique, où l’influence encore sensible du Pérugin se coule dans une ordonnance épurée, plus savante en même temps qu’y transparaît une juvénile allégresse. Le jeu de l’habile disposition des personnages ainsi que celui des regards donnent au texte une sensibilité réelle. La Vierge regarde son fils; l’image maternelle prime sur celui de la sainte femme dans ce regard ainsi que dans la gestuelle ; elle forme un cercle protecteur avec ses bras autour des deux enfants.
Les deux autres personnages se regardent aussi, Raphaël marquant ainsi le lien de tendresse établi entre Jésus et saint Jean.
Raphaël est également sensible à l’idéal moral de Michel Ange. Il veut démontrer la signification religieuse de cette unité, et c’est pourquoi il accentue la composition pyramidale.
Cette notion d’équilibre rayonnant est d’un optimisme serein. Mais surtout, Raphaël oppose aux spéculations dont Léonard charge la peinture une piété à la fois populaire et élégante qui fait le prix de ses premières madones ("La Vierge au Grand-Duc", "La Madone au Baldaquin", "La Belle Jardinière"). Ces madones sont célèbres en raison de leur familiarité alors que d’autres plus tard n’échapperont pas à une certaine mièvrerie.
Après sa mort aucun peintre n’a pu être entouré d’une telle renommée dans l’histoire. Cependant, n’oublions pas que Raphaël a été quelque peu rejeté dans l’ombre par les autres grandes personnalités de la Renaissance, Léonard de Vinci et Michel-Ange, dont les oeuvres paraissent correspondre mieux à un certain " romantisme " de la mentalité moderne.