1. Sandro Botticelli
Le peintre s'appelait pour l'etat civil Alessandro di Mariano Vanni Filipepi. Peu a peu son prénom s'est transformé en Sandro alors que Botticelli est en fait le surnom de son frère aîné Giovanni. Le surnom plaisait tellement qu'il fut reporté sur tout les membres de la famille.
Botticelli est né en 1444 ou 1445 à Florence. Il a passé son enfance dans le quartier urbain du cloître dominicain Santa Maria Novella. Tout près de lui vivait la famille Vespucci qui était de fidèles amis des Medicis qui régnaient à Florence et se sont assidûment employés à la protection de Botticelli.
Botticcelli s'est d'abord tourné vers l'orfèvrerie mais, vers 1461-1462, âgé de 18 ans, il entame un apprentissage de peintre auprès de Fra Filippo Lippi (un des plus célèbre peintre de Florence au début du siècle) . Il étudie avec Lippi durant cinq ans, c'est a dire jusqu' en 1467 puis il emménage à Florence en 1470 et met son talent au service des Médicis.
Le Printemps a vraisemblablement été commandé par Lorenzo di Pierfranco de Médicis à l'occasion de son mariage en 1482 pour la villa Castello et le tableau a commencé à être réalisé vers 1478 (Témoigne des préoccupations humanistes et néoplatoniciennes qui se développaient dans l'entourage de la puissante famille florentine).
2. Les personnages
De droite à gauche :
Zéphyr, la nymphe Chloris, Flore, Vénus, son fils Cupidon, les trois Grâces, Mercure.
Zéphyr, Chloris et Flore : Personnification divine du Printemps, apporte la fraîcheur et la pluie bienfaisante aux climats brumeux d'Italie. Cette divinité du vent est représentée sous la forme d'un être ailé, bleu verdâtre. Il gonfle puissamment ses joues pour en faire sortir des souffles. Le dieu pénètre violemment dans le jardin au point que les arbres ploient.
Il poursuit une nymphe habillée de voiles transparents qui regarde le dieu avec effroi. De sa bouche tombe des fleurs qui se mêlent à celles qui décorent amplement la robe de Flore (la femme qui marche à côté d'elle.) Celle-ci met la main à une poche de sa robe pour y puiser une pleine poignée de roses qu'elle va jeter dans le jardin. Le peintre nous présente cette scène, l'amour charnel en illustrant une des métaphores narrées par Ovide (la nymphe Chloris, enlevée par Zéphyr, se transforme en Flore, déesse des fleurs pour devenir le symbole de la fertilité et du renouveau du printemps). Le poète y décrit le début du printemps comme le moment où la nymphe Chloris se transforme en Flore: "J'étais Chloris moi que l'on nomme aujourd'hui Flore". C'est ainsi que la nymphe commence son récit pendant que des fleurs s'échappent de sa bouche.
Zéphyr l'aurait poursuivie et l'aurait prise pour femme. Mais après s'être repenti de sa fougue, il l'aurait changée en déesse des fleurs, reine du printemps. Le sujet exprimé par ses trois personnages est la venue du printemps telle que la décrit Ovide.
Vénus: Elle se trouve debout, vêtue comme une souveraine devant la myrte qui se dresse au milieu de la haie sous une voûte d'orangers. Elle apparaît dans son jardin assimilée dans l'imagination de Botticcelli au jardin des Hespérides.
Elle lève la main droite vers les trois Grâces pour attirer l'attention sur ce que fait son fils Cupidon.
Cupidon: enfant blond aux ailes blanches, les yeux bandés d'un tissu blanc. Son carquois rouge flotte derrière lui. Il tire une flèche à pointe enflammée en direction des trois Grâces.
Les trois Grâces: compagnes de Vénus, filles de Zeus (Euphrosyne, Aglaé, Thalie) président à la conversation et aux travaux de l'esprit.
Mercure: le messager des dieux qui ferme le tableau sur la gauche. On le reconnaît à ses sandales ainsi qu'au caducée qu'il tient de la main droite élevée, la baguette entourée de deux serpents qui est son principal insigne. La mythologie antique affirme que Mercure aurait séparé d'une baguette deux serpents qui se battaient, ce qui a fait du caducée le symbole de la paix.
C'est dans cet esprit qu'il faut comprendre le tableau de Botticelli: Mercure éloigne avec le caducée quelques nuages menaçants de pénétrer dans le jardin de Vénus. Il devient ainsi le protecteur d'un jardin dans lequel il n'y a pas de nuages et dans lequel il règne la paix éternelle. La vaillance de Mercure dans sa fonction de gardien du bosquet est illustrée par l'évidence accentuée du sabre montrant qu'il serait capable de repousser les ennemis en toutes circonstances.
3. Le décor
La scène est située dans une orangerie appartenant à Vénus. Au dessus d'elle, les orangers se referment en demi cercle, comme une auréole qui entourerait la déesse pour souligner sa divinité. Près de 500 espèces de plantes, dont 190 fleurs ont pu être identifié sur ce tableau.
Le tableau est constitué en deux plans :
- Le premier avec les personnages en clair.
Le fond qui semble là pour mettre les personnages en valeur.
4. Autres significations des personnages
Vénus est la patronne des forces et des éléments, elle est entourée de tous ce dont elle a besoin pour triompher sur l'ensemble des douze mois de l'année, l'ensemble des quatre saisons, donc sur l'éternité. Elle préside l'année.
Zéphyr représente l'hiver, et Mercure arrête le passage de l'hiver au printemps avec son caducée. Le groupe des trois Grâces est l'affirmation du printemps. L'été est représenté par Flore tandis que Chloris qui se retourne frileusement vers Zéphyr reflète l'automne.