Lycée Hoche - Versailles
Plus de 200 ans d'histoire
J.C LOURDAIS Professeur d'Histoire

  1. La Fondation
  2. La Révolution
  3. Le 19ème siècle
  4. Le 20ème siècle

1. La Fondation
  En franchissant le portail de l'avenue de St-Cloud, le visiteur est frappé par la sobre harmonie de la cour d'honneur du Lycée Hoche et le classicisme des lignes de la chapelle du Couvent de la Reine. Cette reine, c'est Marie Leszczynska, fille du roi de Pologne Stanislas ler et épouse de Louis XV depuis 1725. Marie, héritant de son père en 1766, désire associer son nom à une fondation pieuse et, par fidélité à l'aumônier de son père, choisit les chanoinesses régulières de St-Augustin, congrégation particulière d'Ursulines, fondée en Lorraine. La Reine fait appel à l'architecte lorrain Richard Mique et lui confie la construction d'un couvent.

Les travaux commencent en 1767 sur une partie du domaine de Clagny, ancienne propriété de Mme de Montespan, et les pierres utilisées viennent, pour une part, du château de la favorite royale et, pour l'autre, des carrières de St-Leu et d'Arcueil. Mais la Reine ne voit pas l'achèvement des travaux, elle disparait en 1768. Ses filles continuent son oeuvre et, le 29 septembre 1772, les bâtiments sont inaugurés par Louis XV.

Le couvent se consacre, selon les règles de la congrégation et la volonté de la fondatrice, à l'éducation des jeunes filles; la petite noblesse de la cour est le milieu qui fournit le plus d'élèves à cette institution.

2. La Révolution
  Le succès de l'établissement prend fin avec le départ de Versailles de la famille royale en octobre 1789. En 1790, un inventaire des biens est ordonné, après la mise à la disposition de la Nation des biens du clergé. Les chanoinesses abandonnent définitivement leur Couvent en 1792.


La cour intérieure du couvent de la Reine

Dès lors, les bâtiments connaissent une occupation partielle: la chapelle devient, en 1793, le lieu de réunion de la section versaillaise de la Société des Droits de l'Homme; un hôpital occupe, en 1794, les ailes du couvent; en 1795, les locaux abandonnés servent d'entrepôt à grains et à fourrages; en 1800, un hôpital, succursale des Invalides installés au château, occupe les lieux.

3. Le 19ème siècle
  En 1801, la ville, après la fermeture de l'Ecole Centrale du département, souhaite la création d'un Lycée pour compenser la perte d'activité résultant de l'évolution politique et offrir des facilités scolaires aux riches familles étrangères qui séjournent à Versailles. Dans un habile plaidoyer, le Conseil Municipal fait ressortir l'avantage qu'offre Versailles de "préserver les jeunes des vices qui inondent la capitale" et de posséder les locaux nécessaires pour une rapide installation.


Tympan de la Chapelle

Un décret consulaire du ler Vendémiaire an XII (24 septembre 1803) crée, dans l'ancien couvent, un lycée. Dieudonné Thiébaut, nommé proviseur, est chargé de remettre les bâtiments dévastés en état. Trois ans sont nécessaires. Un décret impérial pris à Posen, près de Berlin, le 15 décembre 1806 donne naissance au Lycée Impérial en nommant les premiers professeurs et les 150 premiers élèves. En 1809, c'est un nouveau décret impérial, pris à Schoenbrunn, près de Vienne, qui place le Iycée de Versailles parmi les huit lycées de première classe de l'Empire, reconnaissant ainsi les premiers succès des élèves, deux étant entrés à Polytechnique, dès cette année-là.

Dès lors, le Lycée traverse le siècle, devenant Collège Royal de première classe en 1816, assimilé aux Collèges Royaux de Paris en 1819, développant les classes préparatoires aux grandes écoles et comptant plus de 500 élèves grâce au long provisorat de Théry.

Lycée National de 1848 à 1853, Lycée Impérial de 1853 à 1870, Lycée National à nouveau de 1870 à 1888 et Lycée Hoche depuis 1888, en l'honneur du général républicain, né à Versailles en 1768 et mort en 1797.

Les bouleversements politiques du siècle, sensibles à travers ces changements d'appellation, ponctuent la vie du Iycée entraînant des troubles importants: révoltes d'élèves pendant la Restauration, affrontement entre élèves durant la Monarchie du Juillet et la Seconde République, transformation en hôpital allemand pendant la guerre de 1870. La croissance des effectifs entraîne la construction de nouveaux bâtiments, assez hétéroclites, aux dépens du potager du lycée, mais ne modifie pas la vie quotidienne des élèves qui reste marquée par la discipline militaire du Lycée napoléonien (uniformes, mouvements au tambour, cachots), particulièrement sévère pour les internes. Cette dureté de la vie est, il est vrai, tempérée, de temps à autre, par de violents chahuts, des distributions de prix solennelles et grandioses et les banquets de la St_Charlemagne.

Le Lycée compte, alors, quelques brillants élèves: des membres de l'Académie des Sciences, comme Lissajous, des historiens comme L.Halphen, des officiers comme le général Mangin ou le maréchal Franchet d'Espércy, de nombreux ingénieurs, médecins, avocats, généraux, hommes politiques sont passés par ses murs.

4. Le 20ème siècle
  La croissance du Lycée s'accélère au XX° siècle, il scolarise les garçons de la 11° aux classes préparatoires aux grandes écoles.

Le Lycée Hoche reste un acteur de l'histoire de France: La Première Guerre Mondiale le transforme en hôpital et est à l'origine du sacrifice de dizaines d'anciens élèves, professeurs et agents. La Seconde Guerre le voit devenir un centre d'accueil, une caserne, une chapelle ardente au gré des bouleversements que subit Versailles: l'exode, l'occupation, les bombardements meurtriers. Lui-même bombardé en 1944, le Iycée connaît une rentrée de la Libération dans des bâtiments pillés.

Le retour à la prospérité permet, dans les années 50, la démolition des locaux construits au XIXème siècle et la construction de vastes bâtiments pour les sciences, le sport et l'internat, dans le style de l'ancien couvent, lui-même partiellement restauré, restituant toute leur austère beauté aux galeries du cloître, classées avec l'ensemble du Couvent de la Reine, monument historique en 1926. Au fil des réformes, le primaire disparaît, le collège fait une scission administrative et les classes préparatoires se donnent une spécialisation scientifique et commerciale. La vie des élèves, elle aussi, se transforme lentement, avec une libéralisation progressive du règlement intérieur, l'apparition de la mixité, un plus grand confort de la vie quotidienne. Toutefois, les bruits de la ville et du monde continuent d'être la cause de périodes de tensions internes parfois vives : activités des ligues dans les années 30, débats sur les guerres d'Indochine et d'Algérie, les événements de mai 1968 et leurs soubresauts, contestation de telle ou telle réforme ministérielle,...

Le Lycée Hoche entamera en 2003 son troisième siècle d'existence; un Lycée qui compte parmi ses anciens élèves d'aussi brillantes et originales personnalités que le saint-simonien Enfantin, Boris Vian et Raymond Aron ne pourra que rester fidèle à ses traditions et à sa mission : la réussite et l'épanouissement de ses élèves.



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