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Le Dôme
Par Laetitia Jean & Christophe Deloménie
Le Dôme

 

" Dôme " vient du latin "domus ", c’est à dire "maison ". Le dôme est la maison de Dieu et de son peuple. On y trouve les œuvres d’art et de foi dont les Florentins l’ont embellie au cours des siècles.

Le dôme est aussi dit "cathédrale ", car l’on y trouve la cathèdre ou siège liturgique de l’évêque, et c’est donc le lieu dans lequel l’évêque célèbre et prêche la Parole du Seigneur. Il est composé de trois parties :

 
LA CATHEDRALE : L’EXTERIEUR

 

L’ancienne cathédrale semblait, selon Villani, "petite en raison du nombre d’habitants ". De plus, elle "croulait du fait de son âge avancé ", comme le précise un document de l’époque. C’est ainsi que vit le jour le projet d’une église énorme destinée à surpasser les cathédrales des villes toscanes rivales, Pise et Sienne, tant par la taille que par la richesse de la décoration extérieure, "toute en marbre et avec des figures sculptées " (reliefs et sculptures), comme le dit, une foi de plus, Villani. Le Dôme fut dédié à la Vierge sous le nom de Santa Maria del Fiore. En effet, le  "fiore " ou fleur, serait, à en croire un document du XVe siècle, le Christ, premier fruit de notre salut.

 

 

La cathédrale et la coupole ; croquis (d’après "la Citta antica in Toscana ") Plans comparés de l’église romane (en tirets) et de l’édifice actuel : la nef gothique pochée ; m maquette de la cathédrale. La cathédrale est le résultat de 170 années de travail. Sa construction débuta le 8 septembre 1296, d’après un projet d’Arnolfo di Cambio. Ce projet subit cependant de nombreuses modifications, notamment à cause d’une lutte entre Gothiques et Anti-Gothiques. Elle subit également un agrandissement effectué par Francesco Talenti. Les chapelles rayonnantes à l’est furent achevées au début du XVe siècle et la gigantesque coupole, projetée par Filipo Brunelleschi, fut construite en 16 années à peine, de 1418 à 1434, "construction immense, dressée vers le ciel, vaste au point de couvrir de son ombre tous les peuples de Toscane ", comme l’écrivit alors Leon Battista Alberti.

Elle est constituée de deux coques, sur plan octogonal, une coque interne au profil en arc brisé au quint point, de 7 pieds d’épaisseur à la base et 5 pieds au sommet (1). Une coque externe "protège la première des intempéries et lui donne une forme plus aérienne " (Brunelleschi) ; elle a 2 pieds ½ à la base et 1 pied ¼ au sommet (2). Entre les deux coques, un vide de 4 pieds contient les escaliers d’accès (3) (1pied = 33 centimètres). Brunelleschi fit preuve de beaucoup de talent en réalisant cette coupole, pour la construction de laquelle il in venta plusieurs machines. En effet, le plus difficile est indéniablement la machinerie de levage des matériaux. En 1420-1421 était construite la "stella della cupola ", ainsi nommée peut-être pour sa forme en étoile, énorme échafaudage destiné à supporter une machinerie élévatrice. Il est vraisemblable que cette "stella " pouvait convenir à plusieurs usages. Sur sa couronne sommitale pouvait tourner une grue sur un rail circulaire. Mais surtout une poulie y était fixée. Tout en bas, au sol, un énorme treuil était mû par des bœufs Entre temps, le 25 mars 1436, jour de l’Annonciation, le dôme avait été solennellement inauguré par le pape Eugène IV. Le lanternon fut réalisé d’après un projet de Brunelleschi après sa mort en 1446 ; la boule de cuivre doré surmontée d’une croix qui contient des reliques sacrées, œuvre d’Andrea del Verrochio, fut mise en place en 1466.

La façade de la cathédrale :

 

 

Le dernier élément de Santa Maria del Fiore à avoir été réalisé fut la façade principale, exécutée entre 1871 et 1887 d’après un projet d’Emilio De Fabris. Cette façade honore la Mère du Christ : la figure qui surmonte la porte centrale et représente Marie en majesté tenant un sceptre fleuri (une œuvre de Tito Sarrochi) domine tout le reste. Mais le programme iconographique du XIXe siècle a avant tout un caractère historique et national : les Mosaïques, exécutées d’après un dessin de Niccolo Barabino, représentent : au-dessus de la porte centrale, le Christ en majesté entre Marie et saint Jean-Baptiste avec des saints florentins ; à droite, des Artisans marchands et humanistes florentins rendant hommage à la Foi ; et à gauche, la Charité entre les fondateurs des œuvres pieuses florentines.

L’INTERIEUR DE LA CATHEDRALE :
LES NEFS

Lorsque l’on rentre dans la cathédrale, l’on est frappé par l’ampleur de l’espace et par la sobriété des décorations. En effet, l’ampleur de cet édifice ne va pas sans cette "sécheresse  rigoureuse " ni cette "pureté maigre " que dénonce Focillon et ici fait place une simplicité qui souligne par contre les dimensions gigantesques de l’église (au moment où elle fut achevée, c’était la plus grande d’Europe).

L’enrichissement de la cathédrale par de fastueux pavements de marbre coloré et des niches en formes de petits temples date quant à lui d’un second moment de l’histoire de la cathédrale, sous les auspices des grands-ducs du XVIe siècle.

Santa Maria del Fiore fut construite aux frais de la commune comme "église d’état ", et les œuvres d’art que l’on peut voir le long de ses nefs latérales faisaient partie d’un programme civique en l’honneur des "hommes illustres " de la vie florentine. Ce programme comprend :

Outre l’iconographie civique, un programme religieux est développé dans les parties de la cathédrale servant au culte. Deux grandes images, placées aux extrémités opposées du parcours processionnel, en suggèrent le sens : une mosaïque au-dessus de la porte d’entrée principale (œuvre de Gaddo Gaddi datant du début du XIVe siècle) et le vitrail rond au-dessus du maître-autel (un des huit oculi du tambour), réalisé par Donatello entre 1434 et 1437. L’une comme l’autre représente le Couronnement de la Vierge, c’est à dire l’élévation de Marie à la gloire après sa mort. Elles célèbrent la grandeur spirituelle de l’homme, destinée à dépasser l’histoire humaine pour "régner avec la Christ ". Le portail principal est surmonté d’une horloge colossale, exécutée en 1443 par Paolo Uccello ; c’est une horloge "liturgique " qui calcule les 24 heures diurnes à partir du coucher du soleil du jour précédant (elle tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et possède un cadran à 24 chiffres)
LES VITRAUX, LE CHŒUR, LA COUPOLE,
LE MAÎTRE-AUTEL

Les 44 vitraux de la cathédrale constituent le programme le plus monumental du genre en Italie des XIV-XVe siècles. Ils représentent des saints de l’Ancien et du Nouveau Testament (dans la nef et les transepts) et des scènes de la vie du Christ et de Marie (dans les oculi du tambour du tambour). Au nombre des artistes qui les ont exécutés l’on trouve les plus grands noms de l’art florentin du début de la Renaissance : Donatello, Ghiberti, Paolo Uccelo, Andrea del Castagno.

Le point culminant de ce parcours religieux et architectural est la partie située sous la coupole et délimitée par le chœur et le maître-autel. Tant la coupole que le chœur ont pour fonction, dans la forme octogonale, de répéter le symbolisme du baptistère. En effet, la surface qu’occupe le chœur a presque les même dimensions que l’intérieur du baptistère et ainsi l’espace sacré le plus antique de Florence est recréé sous la nouvelle coupole. Brunelleschi aurait souhaité orner la coupole de mosaïques, mais la décoration qui fut enfin réalisée entre 1572 et 1579 par Giorgio Vasari et Federico Zuccari, est à fresque et non en mosaïques. Le thème iconographique est cependant le même que dans le baptistère, le Jugement dernier. Les 3600 mètres carrés de surface peinte illustrent la foi traditionnelle dans un Paradis et un Enfer. Exécuté 20 ans plus tôt par Baccio Bandinelli pour l’autel situé dessous, on pouvait voir un monumental Christ mort, étendu devant Dieu le Père bénissant. Ainsi, le fidèle voyait le Christ mort, mais en levant les yeux il voyait dans sa gloire ce même Christ ressuscité. Cette statue a été ôtée en 1842 et les fresques de la coupole ont fait l’objet d’une restauration globale entre 1978 et 1994. Du chœur à l’origine d’une construction à colonnes et architraves, il ne reste de nos jours que le mur de soutien avec des représentations de prophètes sculptées par Bandinelli et ses collaborateurs.

Derrière le chœur, les portes de bronze de Lucca Della Robia ouvrent sur la sacristie Nord, également dite "des Messes " : c’est une salle ornée de panneaux de bois marqueté réalisés par des maîtres florentins du XVe siècle et restaurés après l’inondation de 1966. Les artistes font ici preuve d’une remarquable habileté dans l’utilisation de la perspective linéaire, inventée au début du XVe siècle par Brunelleschi dans cette même cathédrale Santa Maria del Fiore. C’est ici que sont conservés les ornements, les livres et les différents objets qui servent au culte célébré sur l’autel ; les trompe-l’œil de marqueterie représentent des armoires ouvertes sur les étagères desquels se trouvent les objets ecclésiastiques. Au-dessus de la porte, une terre cuite émaillée de Lucca Della Robia représente la Résurrection du Christ et au-dessus encore, on peut voir à présent les orgues du XIXe siècle.

 

Les documents ont été tirés de Renaissance baroque et classicisme, de J.Castex.
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